she was beautiful, she shined like the sun (feat mack)

"Je suis désolée, je vais être un peu en retard." Je soupire et espère sincèrement que ma voiture va tenir encore quelques minutes. Voilà quelques jours qu'elle faisait un bruit bizarre et là, tout un tas de voyants se sont allumés: du coup je suis condamnée à me rendre au garage le plus proche. Je n'aime pas rouler dans une voiture qui ne soit pas complètement en état de marche. Puis qui sait ce qui pourrait clocher?! Carter me demande si j'ai besoin d'aide et m'empresse de lui dire que non. Que tout va bien aller. Comme si je ne pouvais pas me débrouiller toute seule, de toute manière! "Tu sais, les mécanos vont essayer de t'arnaquer. Quand ils voient une femme innocente arriver, ils essaient toujours de lui vendre des choses dont elle n'a pas besoin!" Rien que cette phrase à elle seule m'hérisse complètement. Non mais pour qui il se prend?! "Tout va bien se passer", répondis-je tout de même en gardant mon calme. "Bon, je dois de te laisser, j'arrive au garage! On se voit tout à l'heure, je t'aime!" Et sans attendre de réponse, je raccroche quasiment au nez de mon petit ami, avant de me garer devant le fameux établissement. Celui-ci ne paie pas de mine, mais il s'agit d'une urgence. Une fois le moteur arrêté, j'attrape mon sac et mon téléphone -tout neuf, un cadeau de mon père parce que j'ai cartonné à mes derniers examens- et sort de la voiture. Là, mon regard tombe presque immédiatement sur un type qui se trouve non loin de moi. A en juger par sa tenue et aux traces noires striant ses bras et maculant ses mains, je devine aisément qu'il travaille ici. Je retire alors mes lunettes de soleil, essayant de ne pas trop m'attarder sur les immenses tatouages qui couvrent ses bras et lui adresse un sourire poli. "Bonjour! Est-ce que c'est à vous que je dois m'adresser? Ma voiture a un problème: plusieurs voyants se sont allumés et elle fait un bruit étrange quand je passe les vitesses..."

J'hoche distraitement la tête lorsqu'il me dit que son patron n'est pas là, mais me sens soulagée qu'il puisse s'occuper de ma voiture quand même. Bien que j'ai du temps devant moi, il faut quand même que je rentre le plus tôt possible pour aller voir ma soeur et passer un peu de temps avec elle. Et puis qui sait, je pourrais peut-être recommencer à faire du forcing pour dissuader mes parents de la placer dans un établissement. Je lui confie mes clefs avec une certaine réserve, mais j'ai tout de même confiance: c'est pas comme si ce type allait pouvoir aller où que ce soit avec ma voiture défectueuse! Perchée sur mes talons qui commencent à me faire souffrir, j'essaie d'ignorer la gène en le regardant inspecter la voiture, passer les vitesses et mettre le contact. Dans mon sac, je sens mon téléphone vibrer: certainement Carter qui s'inquiète. Mais je ne cherche même pas à répondre, parce qu'après tout ce n'est pas le moment. Quelques minutes plus tard, le jeune mécanicien m'apprend que les choses vont prendre du temps, bien que je ne pige pas tout ce qu'il me dit. Je comprends l'essentiel: je ne pourrais pas avoir accès à ma voiture pendant plusieurs heures. Super! "Je vois...", soupirais-je tout en passant une main dans mes cheveux. Il fait entrer ma voiture et machinalement, je le suis. Non pas que je sois particulièrement matérialiste, mais ce n'est pas moi qui ait acheté ce véhicule et je me dois d'en prendre soin. De veiller dessus. Et puis surtout, je n'ai pas envie de rester faire le pied de grue dehors alors qu'il fait une chaleur à en faire fondre la calotte glacière! Finalement, le mécanicien me rejoins et mes yeux s'écarquillent légèrement derrière mes lunettes de soleil -que j'avais remises en attendant- et mes doigts viennent les saisir pour que je puisse plonger mon regard directement dans le sien. Non mais pour qui il se prend, ce type?! Il vient carrément de me traiter de gosse de riche, non?! Je lui lance alors un regard à glacer le sang, mais lui adresse tout de même un sourire qui va entre le mielleux et le narquois. "Je pense que j'arriverais à survivre. Mais merci du conseil.", répondis-je en remettant mes lunettes sur mon nez. "Je suis arrivée avec cette voiture et je repartirais avec, alors je crois que vous allez devoir supporter ma présence." Sur ce, je vais m’asseoir sur une chaise libre qui se trouve dans un coin de l'immense pièce. Un homme, qui est forcément un employé, me suit et me dévore presque du regard. D'accord, j'avoue que cet endroit fait légèrement flipper avec le recul, surtout parce que je suis la seule femme ici. Mais il est hors de question que je m'en aille et donne satisfaction à l'autre imbécile. Puis, voyant qu'il me regarde d'un ait hébété, je croise mes jambes, mon téléphone à la main. "Par contre, je n'ai pas toute la journée. Alors ce serait sympa d'accélérer." Il veut une gosse de riche? Bon sang, il va l'avoir. Et il va s'en mordre les doigts.

Je n'aime pas faire ma diva et traiter les gens de haut. Ce n'est tout simplement pas mon genre, ni ma nature. En fait, je n'aime pas faire aux gens ce que je n'apprécierais pas qu'ils me fassent: mais là, c'est juste trop. Ce type, que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, a le culot de me juger alors qu'ils m'as vue depuis quoi...Trois minutes? J'ai horreur de ça, qu'on ne voit que mes bijoux, ma voiture et mon téléphone, certes hors de prix. Mais ce n'est pas comme si c'était moi qui avait acheté tout ça. Mes parents sont riches, pas moi: et je ne m'en vante pas. Peu importe, après tout. Qu'il pense ce qu'il veut. Je reste donc assise gentiment sur ma chaise alors que le type se met à travailler "aussi vite qu'humainement possible", comme il dit. Et finalement, les minutes passent. Puis les heures. Et je m'ennuie, vraiment. Ils ne sont que deux ouvriers et travaillent apparemment bien: ils sont comme dans leur bulle et sont rapides, efficaces. Mais ma voiture est encore là, en train de se faire tripatouiller pendant des heures et des heures. Au bout d'un moment, il vient vers moi et me propose de l'eau, ainsi que des gateaux que je regarde un instant. Il les a empoisonnés? Qu'est-ce qu'il lui prend d'être si prévenant avec moi, tout d'un coup?! Mais j'accepte finalement, sentant la soif et la faim me tordre le ventre. Régulièrement, je sens mon téléphone vibrer dans ma poche, mais préfère ne pas regarder l'écran. Parce que je sais déjà qui c'est: ma mère, ou encore mon petit ami. Et j'ai tout sauf envie de les entendre pour l'instant. En fait, je suis trop occupée à regarder celui qui s'occupe de ma voiture, travailler. Ses muscles roulent sous sa peau et font bouger ses tatouages. Normalement c'est loin d'être mon genre, mais il faut avouer qu'ils lui vont bien. Puis je me lève finalement en soupirant, ayant une énorme envie de prendre l'air. Le soleil est largement en train de décliner et l'air frais remplace l’étouffante chaleur de la journée. Je croise mes bras et inspire profondément, avant de regarder aux alentours. Ce quartier craint, et c'est connu de tout le monde. C'est ici que sont les gangs et autres joyeusetés. J'espère donc vraiment -pour mon propre bien-, que ma voiture va vitre être prête. Je sursaute quand le type revient. Ses mains et ses bras sont pleins de cambouis et de matière noire charbonneuse, et il a l'air embêté. Je comprends alors tout de suite que quelque chose ne va pas, ce qu'il me confirme assez vite. Déçue, je décroise mes bras et passe une main dans mes cheveux. "D'accord. Franchement, pour une voiture à ce prix là, elle pourrait au moins tenir une année sans avoir un problème!" Je vais craquer, je le sens. Après avoir attendu une après-midi entière jusqu'à la fermeture de ce foutu garage, voilà qu'on m'annonce que je repars les mains vides! "Désolée. C'est pas de votre faute, merci d'avoir essayé. J'appellerai le concessionnaire demain et ils viendront chercher la voiture: c'est à eux de la réparer." Je sors ensuite mon porte feuille de mon sac. "Combien est-ce que je vous dois pour aujourd'hui?" Puis je regarde le deuxième mécano partir, avant de me tourner vers mon interlocuteur, surprise. Quoi, il veut me ramener?! Je ris presque. "Merci, mais je pense que je peux me débrouiller." A son regard, je sens qu'il va insister, et soupire. "...D'accord, je vous attend ici." Je le regarde aller fermer le garage, adressant un dernier regard à ma voiture avant que les panneaux ne se ferment. Il revient ensuite vers moi et je lance: "Au fait, je m'appelle Mackenzie." Je m'abstiens de dévoiler mon nom, volontairement. Il n'a pas besoin de savoir que mon père est l'un des avocats qui a aidé à nettoyer les rues des délinquants et qui a donc dû être responsable de l'arrêt de la moitié des jeunes des rues environnantes.

Je soupire. "Je n'ai jamais vraiment de chance avec les dernières technologies." Effectivement, à chaque fois que j'ai eu un téléphone ou un nouvel ordinateur, il y avait toujours un souci seulement quelques jours ou semaines plus tard. Les appareils de ce style ont l'air de me détester et j'en viendrais même à vouloir m'en passer! Malheureusement c'est impossible. Je propose au mécanicien de faire remorquer ma voiture jusqu'à mon garage habituel, mais il semble vraiment tenir à réparer mon véhicule lui-même. Par fierté, certainement?! "...D'accord. Ce qui compte, c'est que ce soit rapide." Après tout, j'ai besoin de ma voiture pour aller en cours ou encore pour emmener mes amies qui n'ont pas la chance d'en avoir une. Et oui, ce n'est pas parce que mes parents ont le la ressource que c'est pareil pour tout le monde et certaines personnes de mon entourage n'ont pas les moyens d'offrir des voitures à leurs enfants. Donc je joue souvent au taxi, mais ça me va. J'aime me rendre utile. Je paie ensuite mon interlocuteur en hochant la tête, avant de ranger mon porte feuille dans mon sac et de le regarder ouvrir la porte de son pick-up tout en se présentant. Shay. C'est un prénom rare, mais bizarrement il lui va bien. "...Pas de soucis", répondis-je quand il me demande si ça me dérange qu'il aille chercher sa petite soeur. Pour être dans la même position que lui, j'arrive à comprendre. Parfaitement, même. Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire avant de plaquer ma main contre mes lèvres. D'accord, sa dernière phrase m'as prise par surprise! "Je crois que si jamais vous comptiez me kidnapper, vous l'auriez fait depuis longtemps." Dans le garage, par exemple. Après tout, son collègue est parti avant et Shay aurait eu tout le temps du monde pour me faire du mal. Et puis ce que personne ne sait, c'est que mon père, effrayé à l'idée qu'on me fasse du mal, m'as offert une montre spéciale: je n'ai qu'un bouton a presser pour que l'alerte soit donnée. Quand il me l'a donnée, j'ai d'abord été outrée: mais avec les temps qui courent, je pense que ce n'est pas plus mal d'avoir ce genre de filet de sécurité. "Et puis vous n'auriez rien à y gagner, ma vie n'a pas vraiment de valeur." Et je le pense. Parce que même si mon père me couvre de cadeaux, il est prêt à abandonner l'une de ses filles sous prétexte qu'elle est malade. Ma mère n'est pas mieux. "Comment s'appelle votre soeur?"

Et bien, on peut dire que ce type prend son boulot très au sérieux. Je ne peux pas en dire autant que certaines personnes dans mon entourage. Dont mon petit ami qui a pour seuls passe temps ses amis, le football et ses jeux vidéos. Il n'a jamais travaillé de sa vie et n'est pas vraiment pressé, surtout sachant qu'il aura la chance d'hériter de la compagnie de son très cher père. Bientôt, il sera PDG et ma mère ne cesse déjà de me répéter à quel point le jour de notre mariage sera merveilleux: parce que ça voudra dire que moi non plus je n'aurais pas à travailler. Tout comme elle. Je passerais alors certainement mes journées au spa ou avec d'autres femmes s'ennuyant comme la pluie et trainant leurs gosses si les gouvernantes ne sont pas là pour le faire. Cette seule perspective me donne envie de vomir. Tout simplement parce que ce n'est pas le genre de vie que je veux: j'ai des plans. Des projets. Et être femme au foyer n'est absolument pas un de ceux là. Shay et moi prenons finalement la route et je souris, à la fois triste et résignée. "Malheureusement, ce n'est pas parce que les gens ont de l'argent qu'ils ont du coeur." Je pose le côté de ma tête contre la vitre glacée, mon souffle créant de la buée dessus. "Mes parents sont...Ils sont ce qu'ils sont. Ils ont une vision bien à eux de l'amour, en fait." Si on peut appeler ça de l'amour, évidemment. Je sais qu'ils ne veulent pas qu'il m'arrive quoi que ce soit. Ou à ma soeur. Mais il n'empêche que leur comportement n'est pas excusable. Puis, pour me changer les idées -et surtout de sujet-, j'aiguille Shay sur quelque chose qu'il semble aimer tout particulièrement. Sa petite soeur. Il parle d'elle comme je parle de la mienne, avec une tendresse et une fierté sans bornes. Je n'aurais jamais cru qu'il était capable de ça, aux premiers abords. Comme quoi, il ne faut jamais se fier aux apparences. "Elle a l'air super. J'étais aussi dans ce genre de club, quand j'étais au collège. Est-ce qu'elle va participer au concours régional qu'ils font tous les ans?" Je regrette beaucoup le club de sciences, parce que j'adorais ça au collège. Nous sommes justement allés à ce concours et avions gagné; je crois que je n'ai jamais été aussi fière d'avoir gagné quelque chose par moi-même, avec mes coéquipiers. Mais une fois au lycée, je suis devenue populaire et il était inconcevable qu'une fille comme moi fasse partie de ce "genre de clubs", dixit ma mère. Voilà pourquoi je me suis tournée vers le cheerleading. "Qu'elle en profite. J'ai adoré cette partie là de ma vie...Et ce genre de club peut ouvrir des portes pour plus tard, à condition de survivre au lycée."

"Sur ce point là au moins, nous sommes d'accord." Effectivement, je pense également que l'argent ne fait pas le bonheur. Il aide, c'est clair et je ne me plains certainement pas d'être privilégiée; mais il faut juste savoir qu'être fortuné ne fait pas tout. Il faut faire ses preuves et travailler tout autant. Quand je vois mes parents qui ne sont pratiquement jamais à la maison et ma mère qui accorde plus d'importance aux apparences qu'à sa propre famille, il y a de quoi se poser des questions, c'est clair. Nous parlons ensuite de la soeur de Shay, changeant alors complètement de sujet: dieu merci. Cela me fais plaisir de voir quelqu'un tenir autant à sa soeur. Il me fait beaucoup penser à moi, malgré nos vies totalement opposées. Au moins, nous nous rejoignons sur quelque chose, peu importe notre classe sociale. Je souris tout en fixant l'extérieur. "Alors tout ira bien pour elle." Ce qui compte réellement, c'est qu'elle soit soutenue. Et apparemment, avec Shay elle aura largement sa dose de pensées positives et optimistes. "Je pense que c'est à ça que servent les aînés. A vivre un peu et à faire toutes les erreurs possibles pour pouvoir montrer un meilleur chemin à nos cadets." Bien que ma soeur soit dans une condition physique bien pire que la mienne, elle n'a au moins pas toute la pression. Elle ne subit pas ma mère et j'en suis heureuse au final. Je suis soulagée de pouvoir porter un certain fardeau à sa place, pour qu'elle ait une vie plus facile. Nous arrivons ensuite devant le lycée -celui que tous les gens de mon propre lycée craignent parce qu'il est réputé pour accueillir des dealeurs et des délinquants- et la soeur de Shay arrive. Elle semble surprise de me trouver à sa place dans la voiture mais se reprend assez vite et est même prête à faire de l'humour. Shay semble gêné alors que je me retiens de sourire: j'aime bien sa soeur! Elle n'a pas la langue dans sa poche. Je me tourne légèrement pour la saluer et elle en fait de même de manière polie "Ça va, elle a simplement dit que j'étais jolie: elle a très bon goût d'ailleurs!", répondis-je à Shay avec un sourire taquin.

Je crois que je vais beaucoup aimer la soeur de Shay. Elle est bien différente de toutes les filles que j'ai l'habitude de côtoyer, mais j'avoue qu'elle me fait un peu penser à ma propre soeur. Enfin, j'imagine qu'elle serait comme ça, surtout vu son caractère de cochon: si elle pouvait s'exprimer correctement, aucun doute qu'elle prendrait elle aussi un malin plaisir à me coller la honte devant un garçon mignon! Voilà pourquoi je pense qu'elle et moi allons bien nous entendre: au moins le temps d'un trajet, de quelques minutes. En l'entendant sous entendre que son frère est célibataire depuis trop longtemps, je pouffe de rire derrière ma main, essayant de me détourner vers la fenêtre en espérant que Shay ne remarque pas trop mon hilarité. Mais quand Rose fait allusion à des tampons et que j'ai le malheur de voir la tête que fait Shay, je ne peux pas m'empêcher de rire ouvertement. Tellement que mon ventre me fais mal, ainsi que ma mâchoire à force de trop sourire. Tellement que les larmes perlent au coin de mes yeux et roulent le long de mes joues. "Je suis désolée", dis-je maladroitement entre deux hoquets. "Je suis désolée, mais vous devriez voir votre tête!" Une fois encore, je plaque ma main contre ma bouche pour m'empêcher de rire. "Franchement, vous les hommes, on dirait qu'on parle de quelque chose de terrible quand on prononce les mots tampons et menstruations; c'est à mourir de rire!" Et ça, j'y connais quelque chose: mon petit ami fait exactement la même tête quand je dois m'absenter aux toilettes, même lorsque je ne suis pas dans une "période". Personnellement, ça m'as toujours beaucoup amusée, tout simplement parce que je n'ai aucun complexe. Amusée, je me tourne alors vers Rose: "Quelle marque est-ce que tu prends? Et quelle taille? Parce que moi, même si j'ai essayé des tonnes de fois, rien n'y fait; je n'arrive pas à m'habituer aux tampons!"

Je lève les yeux au ciel, mais mon immense sourire doit forcément me trahir. "Franchement, je ne vois pas pourquoi tous les hommes de cette fichue planète fuient ce rayon là comme la peste! Au contraire, moi je trouve ça super qu'un frère soit prêt à faire ce genre de chose pour sa petite soeur.", répondis-je en haussant les épaules. Faire des courses n'a jamais été une tare en soit, mais encore heureux que les filles ne réagissent pas pareil, sinon les magasins auraient bien du mal à écouler leurs stocks! Puis Rose en rajoute ensuite une couche, ce qui me fais rire à nouveau. Pauvre Shay! C'est vrai que nous ne sommes pas vraiment tendres avec lui! Mais mon sourire ne reste pas bien longtemps, parce que Rose pose la question qui fâche. Enfin, non pas que j'aie honte d'avoir un petit ami, au contraire! Mais c'est vrai que les choses sont assez compliquées. Et puis, Shay et moi ne sommes pas du même monde: nous avons eu d'ailleurs énormément de mal à nous mettre d'accord, plus tôt dans la journée. Donc je suppose que ça veut tout dire... "Non, je...En fait, j'ai un petit ami. Il s'appelle Carter." Je souris et hausse les épaules. "D'ailleurs, il doit se demander où je suis..." Et étrangement, je n'ai absolument pas hâte de lui faire face à nouveau. Parce que je sais parfaitement qu'il va me poser des tas de questions auxquelles je n'aurais pas non plus envie de répondre. Alors si je peux repousser l'échéance encore un peu... "Et toi, tu as un petit ami?", demandais-je à Rose, histoire de détourner l'attention de moi. "Je paries que tu dois avoir tout un tas de garçons à tes pieds!"

Je pense que j'aime bien la petite soeur de Shay. Elle est drôle, vraie et authentique. Elle me fait beaucoup penser à ma propre soeur, et ça me fais sourire d'autant plus. Je pense que nous aurions eu la même relation que ces deux là si ma soeur n'était pas atteinte de sa maladie. D'ailleurs, Rose accuse entre guillemets son frère de l'empêcher de rencontrer des garçons et de se trouver un petit ami. Alors je coule un regard à la fois accusateur et amusé vers Shay. "Ne me dites pas que vous êtes le genre de frère qui fait fuir les garçons pour préserver la vertu de sa petite soeur? Les garçons ne sont pas tous des idiots: il y en a même de très bien..." D'ailleurs, Shay doit faire partie de cette catégorie là, je pense. Seul un homme gentil serait prêt à protéger sa soeur des menaces de ce monde. Peu importe sa réputation. Soudain, alors que vous arrivons dans mon quartier, une voiture de police nous arrête. Sérieusement?! Shay s'arrête sur le côté de la route et baisse sa vitre. Un policier ne tarde pas à arriver et à se pencher vers l'intérieur de la voiture. D'ailleurs, je le reconnais. Il passe toujours dans cette rue, et c'est lui qui s'est occupée de l'affaire de cambriolage de la maison voisine à la mienne il y a deux ans. "Bonsoir, agent Conrad! Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi: Mackenzie Whright." Il me reconnait et sourit, finalement. "Oh, mademoiselle Whright. Est-ce que tout va bien?", répète-t-il en me regardant droit dans les yeux. "Bien sûr! Je suis tombée en panne sur la route et ils ont gentiment proposé de me ramener à la maison, pour m'éviter de marcher seule dans le noir." Il parait surpris. Il s'attendait à quoi, à ce que Shay me retienne contre mon gré?! "Est-ce qu'on a fait quelque chose de mal, agent Conrad?", demandais-je d'une voix innocente, que je prends quand j'essaie d'amadouer quelqu'un. J'accompagne le tout d'un sourire bienveillant. Il me regarde encore un instant, avant de secouer la tête. "Bien sûr que non. Passez une bonne soirée, les jeunes." "Merci pour tout ce que vous faites, agent Conrad! Et bonne soirée: passez le bonjour à Morgan pour moi!" Il sourit en me jurant que ce sera fait: Megan est sa fille, et va dans le même lycée que moi, bien que nous ne nous parlons que très rarement. Et quand je me tourne vers Shay et Rose, je remarque qu'ils me dévisagent d'un air ahuri. "...Quoi?!"