JULIETTE | the unexpected is what changes our lives

nom: HAWTHORNE ; patronyme qu'elle a hérité de son père. À New York, ce nom est reconnu parmi la haute société. À White Oak, il passe inaperçu. prénom(s): JULIETTE ; prénom soigneusement sélectionné par sa mère avant son décès. Andrea Hawthorne a toujours été une adoratrice des oeuvres du dramaturge William Shakespeare. Juliette a toujours été un prénom qu'elle affectionnait beaucoup et il était plus que naturel pour elle de nommer son unique fille après l'héroïne de l'une des plus grandes tragédies ayant été écrite jusqu'à présent. Néanmoins, elle souhaitait tout de même une fin plus heureuse pour sa fille ... AMELIA ; Amelia fut le prénom de sa grand-mère.  date de naissance et âge: 21.03.1988 - 29 ans. lieu de naissance et nationalité: New York City, NY / Américaine. origines: Américaine. statut social: Célibataire. emploi/études: Juliette enseigne l'art et est peintre à ses heures perdues. Elle développe également une nouvelle passion pour la photographie. orientation sexuelle: Hétérosexuelle. groupe: Heart.

  Anectodes: 01. Juliette n’a jamais connue sa mère, cette dernière ayant cédé subitement à une malaise cardiaque que quelques jours après lui avoir donné naissance. Secrètement, elle envie ces jeunes filles et jeunes garçons d’avoir grandi avec une mère présente et aimante puisqu’elle n’en n’a jamais eu la chance. Bien qu’elle n’ait manqué de rien, ayant un père qui gagnait très bien sa vie, elle s’accrochait de façon malsaine à toutes ses anciennes copines, figures maternelles qui n’étaient présentes dans sa vie que l’espace de quelques semaines, parfois quelques mois. 02. Suite au décès de sa mère, Juliette a suivi plusieurs examens médicaux afin que la famille s’assure qu’elle n’est pas porteuse du trouble qui a emporté sa mère. Heureusement pour la famille, Juliette est parfaite santé! Toutefois, il y a des chances que ses enfants soient porteurs de la maladie et cela pèse lourdement sur les épaules de Juliette, faisant douter l’enseignante sur sa volonté d’avoir des enfants. 03. En vingt-neuf ans d’existence, Juliette a connue plusieurs relations amoureuses, certaines plus douces, d'autres plus douloureuses, amères. Quelque chose en Juliette la bloque, l'empêche d'avancer et de vivre pleinement ses relations : elle a toujours eu peur d’aimer. Elle craint de s'abandonner entièrement à un autre, de se donner corps et âme et de se permettre d'être vulnérable. Elle est prise de panique, fuyant la relation lorsqu’elle devenait un peu plus sérieuse. 04. Elle a toujours rêvé de tout plaquer et de voyager le monde, mais elle est incapable de quitter le confort de White Oak. Suite au décès de son frère, elle s’est promis qu’elle voyagerait les terres qui ont toujours su inspirer Markus, mais n'a jamais fait le pas vers la réalisation du projet. 05. Depuis qu’elle a découvert les joies d’être étudiante à l’université, Juliette est devenue dépendante au café. Par jour, elle peut boire un minimum de cinq cafés, excluant les expressos. De nature énergique et expressive, puis à force de boire une quantité aussi élevée de caféine, son système en est devenu habitué. Tellement habitué, qu’elle boit un latté, extra expresso, juste avant de dormir… 06. Elle adore les films de Walt Disney, ces derniers ayant marqués son enfance. Elle peut aisément réciter le scénario de La Petite Sirène et La Belle et la Bête, incluant les mille et unes chansons. De plus, « Be a man » du fameux film « Mulan » est l’une de ses chansons fétiches, ayant fait naître en elle un côté féministe qu’elle n’hésite pas à faire sortir lors des moments opportuns! 07. Enseigner n’a jamais été sa vocation. Elle s’est toujours imaginée enfermée dans un studio à peindre… Toutefois, depuis le décès de son frère, elle a eu une certaine prise de conscience : elle veut aider les gens, surtout les adolescents. Quoi de mieux que d’extérioriser nos maux par le biais de l’art thérapie? Plusieurs étudiants s’enferment dans sa classe afin de se confier à elle et elle chérit ces moments où elle a le doux sentiment qu’elle leur est venue en aide, où elle a réellement fait une différence… 08. Un des buts de Juliette, à long terme, est d’être propriétaire de sa propre Galerie d’Art, où elle exposera non seulement ses fresques, mais également ses clichés. 09. Son père s’est récemment marié à une jeune femme de vingt-et-un ans. Inutile de préciser que Juliette s’est opposée royalement à cette union! Depuis, elle garde ses échanges avec son père très brefs et craint une éventuelle grossesse qui noierait la famille Hawthorne dans un scandale monumental. 10. Juliette voue une adoration, qui frôle l’obsession, pour les chats. Gamine, elle était allergique au chat de ses grands-parents, mais elle l’aimait tellement, qu’elle refusait d’en être séparée. Aujourd’hui, elle a un chat et son allergie s’est peu à peu effacée. Lorsqu’elle passe devant une animalerie, elle prend quelques minutes pour jouer avec les chatons ou les vieux matous qui y sont encagés. Lorsqu’elle voit u chat errant, elle ne peut s’empêcher de vouloir l’adopter, de vouloir le sauver des dangers de la rue… Bien qu’elle sache qu’elle ne peut héberger tous les chats errants de son quartier, elle se contente de les flatter et de leur mettre de la nourriture sur le patio de sa maison.

QUATRE ANS
« PAPA! … PAPAAAAA !!! » Vociférations d’une gamine qui dévale les escaliers en bois vernis d’une maison moderne. « PAPA!!! » L’interpelé, aux lunettes bien logées sur l’arrête de son nez, lève ses prunelles bleues vers sa fille, celle-ci, du haut de ses quatre ans, l’observe avec les bras croisés, une moue colérique animant ses fins traits. Le patriarche replie son journal soigneusement et le dépose sur ses genoux, joignant ses mains ensemble et voue l’entièreté de son attention à sa fille. « Markus a décapité Barbie… » « Décapité, tu dis… » Faisant mine d’être impressionné par le vocabulaire de sa fille, Michael Hawthorne retire ses lunettes tout en prenant une grande inspiration. Juliette acquiesce d’un signe de tête baigné de conviction. « Et comment peux-tu être certaine que c’est de la faute de Markus? » « Bah parce que je l’ai vu faire! » S’exclame-t-elle, tapant du pied avec force. « Ce n’est pas vrai… », une petite voix animée par la rancune s’élève faiblement. Derrière l’imposante porte en bois menant au bureau du patriarche, une tignasse rousse est à peine visible. « Viens ici, mon fils… » Markus, âgé de huit ans, exécute et s’avance lentement vers son père qui s’est agenouillé face à ses enfants. « Je sais que tu es en colère, Juliette… Et Markus regrette d’avoir…. Décapité… Barbie. Pas vrai, mon grand? » Markus jette un regard oblique à sa sœur et hoche positivement la tête, résigné. « Un jour, tu auras besoin de lui et il aura besoin de toi. Il est tout ce que tu as et tu es tout ce qu’il a… Souviens-toi de ça, ma Juliette… » En réalité, Juliette n’avait aucune idée de ce que son père baragouinait. Très franchement, elle n’envisage pas un univers où elle aura besoin de Markus et vice versa… Si seulement elle pouvait prédire l’avenir. « Bon! Excuse-toi, maintenant… » « M’esscuze… » Maugréa-t-il. « Plus fort et plus gentiment. » « Je. M’excuse. Juliette. » Articule Markus et Juliette répond d’un haussement d’épaules.
Si seulement elle pouvait prédire l’avenir.

QUINZE ANS
La porte d’entrée s’ouvre brusquement et se ferme avec autant de violence. Les pas, montant rapidement les escaliers de la modeste demeure, se font entendre et attirent la curiosité des occupants. L’adolescente ouvre la porte de sa chambre et la claque derrière elle avant de se jeter sur son lit qui l’accueille d’une étreinte de draps et d’oreillers réconfortants. Elle n’a jamais ressentie une telle douleur, elle n’a jamais connue une telle peine. Son être, épris d’un sentiment de vide, devient lourd de tristesse et d’une noirceur qui lui font oublier ses nombreux jours de bonheur. Une sensation de vide qu’elle ne pourra plus jamais combler, elle en est persuadée. Cette mélancolie, cette lourdeur, ce vide, elle se fait tranquillement consumée, brûlée jusqu’à ne devenir que l’ombre d’elle-même. Étouffant ses sanglots dans le creux de son oreiller, Juliette se laisse achever par le chagrin. Le craquement du plancher annonce l’arrivée de quelqu’un dans sa chambre, provoquant à l’adolescente de jeter un coup d’œil à sa porte. « Tu as soudainement oublié de cogner, c’est ça? » Lance-t-elle entre deux sanglots, enfuyant de nouveau son visage dans son oreiller. « Si j’avais cogné, tu m’aurais chassé avec un coup de pied au cul… » « Qu’est-ce qui t’assures que je ne le ferai pas maintenant, malgré que tu sois entré? » « D’abord, je suis plus fort que toi, donc tu peux pas me pousser hors de ta chambre. Secundo, j’fais c’que j’veux. Tertio, quand ma petite sœur entre dans un sale état, je ne peux pas faire autrement que de la réconforter… » Reniflant, Juliette s’assoit sur son lit, recueillant ses jambes contre sa poitrine. « Alex et moi avons rompus… Semblerait-il que la blondasse du cours de gym lui plait plus que la p’tite intello du cours d’histoire… » Avoue-t-elle finalement après plusieurs longues secondes de silence. Markus prend place sur le lit, à côté de sa sœur, et l’observe longuement, cherchant son regard, avant de prononcer « Tu veux que j’lui casse la gueule? » D’un sérieux que seul Markus serait capable. Un rire s’extirpe des lèvres de Juliette, celle-ci hochant négativement la tête. « Même pas un peu? » Juliette tape l’épaule de son frère avant d’essuyer ses larmes du revers de la main. « Ne le dis pas à papa, d’accord? Je n’ai pas envie qu’il ait m’analyse comme il le fait avec ses patients. Je n’ai aucune envie d’être son petit rat de laboratoire… » « D’accord… » « Promis? » Ses prunelles azures rencontrent celles de son frère. Son auriculaire soulevé se fait enrouler par celui de Markus en un geste propre à eux, scellant ainsi la promesse. « Que vas-tu lui dire? » « J’sais pas… Que t’as eu tes… Trucs de filles, ou j’sais pas? » « …T’es con, Markus. »

VINGT-ET-UN ANS
« Markus? » La voix endormie de Juliette s’élève alors qu’elle ouvre la lumière pour retrouver son frère allongé sur le canapé. Alarmée, Juliette court vers lui et s’agenouille à ses côtés. Son teint est pâle. Deux énormes cernes couvrent ses yeux injectés de sang, son nez a été essuyé, mais possède les vestiges d’une bagarre ayant eu lieu peu avant son entrée et ses lèvres ont perdues leur teinte rosée, se fondant désormais à son teint. « Heyy! Tout va bien, maintenant, d'accord? » Débute-t-elle,
glissant une main réconfortante, maternelle, sur la joue de Markus. « Maintenant, dis-moi qu’est-ce que tu as pris… » « Je ne sais plus… » Son corps frêle épris de panique, Juliette n’a aucune idée quoi faire! Elle court verser de l’eau glacée sur une serviette et la dépose sur le front de son frère, l’inquiétude lui rongeant les traits. « Markus… Je te promets que je ne le dirai à personne. Je te promets que je ne serai pas en colère. » L’auriculaire de Markus s’élève et se fait rapidement enrouler par celui de Juliette, impatiente face à ses gamineries. « J’ai fais un… Un mélange… » Il glousse. « Daryl et les copains ont ramenés un peu d’héroïne et… j’sais pas, je croyais que c’était une bonne idée! » « Dans quel uni-… » Juliette inspire profondément. « Quoi d’autre? » « Cocaïne, quelques verres qui circulaient par-ci, par-là… Ne… Ne le dis pas à p’pa, d’accord? » « Markus… » « T’as promis… » Tristement, Juliette observe son frère. Malheureusement, ce n’est pas la première fois que Markus fait irruption dans l’appartement de Juliette en pleine nuit. Les premières fois, Juliette était aux petits soins d’un grand frère sous les effets de l’ivresse. Cependant, plus les semaines passaient, moins il entrait ivre et plus il entrait complètement défoncé par la drogue. Son trajet dans les abysses a commencé relativement doucement. Quelques pétards, sans plus. Quelques pétards se sont transformés en plusieurs pétards et se sont fait rapidement remplacés par les amphétamines. Très franchement, Markus n’a jamais autant proclamé son amour pour sa sœur que lorsqu’il était sous les effets de l’Ecstasy. Les amphétamines se sont fait remplacés par la cocaïne et, maintenant, son frère valse avec la mort suite à un cocktail des plus dangereux. Elle est furieuse. Furieuse contre lui, mais surtout furieuse contre elle! Furieuse contre son impuissance! Furieuse du fait qu’elle a inconsciemment – ou consciemment par moments – refusée de voir la dépendance de son frère, la balayant du revers de la main en se disant qu’il ne fait que s’amuser! S’amuser ne peut pas être si mal, non? Furieuse qu’elle ait minimiser l’importance du problème, qu’elle se soit aveuglée par ses propres excuses, du moins celles qu’elle faisait pour lui.

« Putain, Markus! » Souffle-t-elle, l’émotion gagnant sa voix désormais tremblante, malgré qu’elle s’est jurée de ne pas pleurer. Recueillant le peu de courage que contient son pauvre corps frêle, elle glisse une main dans celle de son frère. Flasque, froide, toute forme de force s’est évaporée depuis qu’il s’est laissé tombé sur ce fauteuil. « Bon, lève-toi, on doit aller à l’hosto! Nous avons besoin de te soigner immédiatement, d’accord? » Acquiesçant faiblement, Markus se lève difficilement du canapé et tous les deux se dirigent péniblement vers la sortie de l’appartement.

[…]

« Vous avez sauvé la vie de votre frère, mademoiselle Hawthorne. Quelques heures encore et il n’aurait pas survécu.. » Hochant positivement la tête en un geste entendu, Juliette croise les bras sous sa poitrine, le regard rivé vers la chambre de son frère. « Quand est-ce que je peux le voir? » « Maintenant si vous voulez! » Un fin sourire se trace à ses lèvres alors qu’elle se précipite vers la chambre de Markus. « T’as soudainement oublié de cogner, c’est ça? » Prononce-t-il faiblement, provoquant un rire chez Juliette, reconnaissant immédiatement cette référence. Prenant place à côté de lui, elle glisse sa main dans la sienne, les larmes lui obstruant la vue. « Quand je vois mon grand frère dans un sale état, j’entre, je ne cogne pas… »
Il a besoin d’elle.
Elle a besoin de lui.

VINGT-NEUF ANS
« Ah oui! Je ne t’ai pas dit : papa s’est remarié. Oui, oui! Tu m’as bien entendu! Il s’est re-ma-ri-é. » Articule Juliette, un large sourire ornant ses lèvres, réprimant même un rire. Elle marque une brève pause comme si elle attendait une quelle conque réaction, mais il n’y a que le silence. « Ouais, je sais, je n’y croyais pas non plus. Bref, elle se nomme Claire, elle est réceptionniste à l’hôpital psychiatrique où bosse papa et entre toi et moi, je n’ai aucune idée de comment elle a eu ce job, elle est terriblement incompétente! Tu la détesterais! Elle est chiante, du genre hautaine, tu vois? Et elle a un de ces rires… Tellement irritant! » Juliette pouffe un rire avant de prendre une gorgée de café, fermant les yeux à cette douce sensation de chaleur par un après-midi frisquet de printemps. Soudainement éprise par une vague de remords, elle libère un bref soupire, hochant négativement la tête, comme pour effacer ses dernières paroles. « ‘Fin, je suis certaine qu’elle possède d’autres qualités!... Bref, il nous disait qu’ils ont eu le coup de foudre… Le vrai. » Roulement de yeux de la part de la jeune femme, signe universel de l’exaspération. « Mais tu veux savoir le pire dans toute cette histoire?... Cette meuf a vingt-et-un an..! » Une nouvelle pause. Toujours le même silence. « JE SAIS! C’est horrible. Complètement absurde! Tu imagines : quand elle est née, j’avais HUIT ANS! Et toi, douze! Gosh… » Cette réalisation lui fit froncer les sourcils, ébahie. Haussant les épaules, elle poursuit : « Donc, ils se sont mariés la semaine dernière. Un truc simple, t’sais, pas trop extravagant. Pas trop d’invités, non plus… Tu connais papa, après tout! Il ne veut surtout pas attirer l’attention! » Cette dernière exclamation fait naître en Juliette un goût amer à la bouche alors que certains souvenirs ne tardent à se manifester. Images qu’elle fait rapidement disparaître d’un hochement de tête. « Mamie était furieuse… Elle a prit la parole lors de la réception, comme le veut la tradition Hawthorne, mais cette fois-ci ses paroles n’étaient pas motivées par la fierté et la bienveillance… Elles étaient du venin. Je pense qu’elle n’a jamais eu aussi honte de sa vie! Le scandale… »

« J’ai commencé à enseigner aussi… Pour moi, enseigner signifie plus que la transmission d’un savoir. Je fais quelque chose qui a de la valeur. Je vois naître chez ces adolescents un rêve. Des rêves! Et leurs rêves… Leurs rêves sont si purs, si merveilleux et baignés d’espoir! J’essaie, du mieux que je peux, préserver cette étincelle qui anime leur regard. J’essaie de leur faire comprendre qu’un rêve n’est pas obligatoirement une utopie… Qu’ils peuvent le concrétiser, qu’ils doivent s’y accrocher! Mais parfois, c’est difficile... » Juliette pousse un profond soupir, inclinant la tête vers l’arrière, son regard se perdant sur les cumulus couvrant le ciel. « En fait, depuis un certain temps, Markus, j’ai l’impression d’être face à une impasse. Peu importe ce que je fais, je n’avance pas. Je vois les autres avancer, mais je reste là où je suis, sans pouvoir franchir le pas. J’ai perdu mon inspiration. Comment pourrais-je motiver mes élèves alors que j’ai moi-même perdu la motivation? Mes fresques ne sont plus les mêmes… Elles sont ternes. Sans vie… Il me manque cette bouffée de fraîcheur pour les raviver, tu comprends?... Et depuis que tu es partit, cette bouffée de fraîcheur s’est envolée avec toi. » Juliette marque une pause, fermant les yeux l’espace d’un instant. « Tu me manques. Terriblement. Chaque jour, un peu plus que le jour précédent. Tu as laissé un vide en moi que ni rien ni personne ne pourra combler. Je me réveille encore dans l’espoir d’entendre ta voix dans la cuisine. Je tourne toujours le coin de la rue et j’ai cette étrange sensation que je vais te croiser. Lorsque je reçois un appel, je crois encore que c’est toi. Ils parlent tous de toi au passé alors que je continue d’employer le présent. Ils accueillent l’avenir alors que je suis incapable d’oublier le passé. »  Elle ramène ses jambes contre sa poitrine et les enroule de ses fins bras. Son regard, baigné de larmes, se porte sans réel courage sur la pierre tombale de son frère et un profond chagrin l’enveloppe. « Mais tu n’es plus là… Et ces matins, ces durs matins où la réalisation de ton départ me frappe plus fort qu’un train, je referme les yeux et je m’efforce de me rendormir, essayant de me convaincre que tout cet enfer n’est qu’un abominable cauchemar, que je me réveillerai dans cinq minutes et tu seras sur le patio, accompagné de ton café. » Ses lèvres pincées en une sourire mélancolique. « Que tu m’inviteras à prendre place à côté de toi et que nous laisserions passer quelques minutes de silence avant d’émettre le moindre son, profitant de la présence de l’autre tout simplement, comme on sait si bien le faire… » Du revers de la main, elle essuie ses larmes et pousse un profond soupir. « Je m’accroche à ces souvenirs, tu vois.  Ils me donnent la force d’entamer le pas lorsque je n’arrive pas à me mouvoir et je refuse que ces souvenirs, nos souvenirs, s’envolent dans le danger de l’oubli. Je refuse de t’oublier. Bordel, Markus… » Deux derniers mots prononcés en un souffle emporté par le vent. Son regard, toujours accroché sur ce morceau de pierre faisant office d’interlocuteur, un sourire étire le coin de ses lèvres. « Je donnerai tout pour que tu décapites une autre de mes Barbie… » Un sourire. Un rire complice. Juliette dépose un baiser sur la paume de sa main puis, affectueusement, dépose sa main sur ce morceau de pierre glacial. « Joyeux anniversaire, Markus… Pitié, ne fait pas trop de bêtises là où tu es. »